Au mois de janvier dernier, Les Radicaux de Gauche-LRDG s’inquiétaient des mauvais signaux envoyés par nos Parlementaires, notamment au sujet de l’Agence Française pour le Développement et la Promotion de l’Agriculture Biologique. Cette tendance funeste est malheureusement confirmée par la loi Duplomb-Menonville qui vient d’être adoptée par l’Assemblée nationale mardi 8 juillet 2025 par 316 voix et à laquelle nous nous opposons vivement.
D’abord, son adoption est marquée par un déni démocratique inquiétant : alors qu’une grande partie de la société civile et aussi du monde agricole y est opposée, les élus de Droite et d’Extrême-Droite ont réussi à éviter tout débat à l’Assemblée par le biais de la manœuvre politicienne de la motion de rejet de leur propre texte.
Cette précipitation est d’autant plus scandaleuse qu’une récente étude épidémiologique française, publiée fin 2024 et confirmée par plusieurs travaux scientifiques en 2025, établit une corrélation préoccupante entre l’exposition aux pesticides et l’incidence du cancer du pancréas. L’étude eco-PESTIPAC, analysant plus de 134 000 cas de cancer du pancréas entre 2011 et 2021, révèle que les zones de forte incidence sont corrélées avec l’usage intensif de pesticides, notamment autour de Paris, dans le centre de la France et sur la côte méditerranéenne. Les chercheurs soulignent que l’augmentation de la prévalence de l’adénocarcinome pancréatique en Europe, qui pourrait devenir la deuxième cause de mortalité par cancer dès 2030, ne peut s’expliquer uniquement par les facteurs de risque traditionnels.
Le fond du texte est encore bien plus inquiétant : facilitation des élevages à taille et méthodes industrielles, accaparement de l’eau dans des méga bassines et réintroduction de néonicotinoïdes, notamment l’acétamipride, interdit depuis 2018, dont on connaît les risques graves sur les insectes pollinisateurs et sur la santé humaine. Cette substance, selon les études récentes, s’ajoute à la liste des pesticides suspectés d’être associés à un surrisque de cancer du pancréas.
Cette loi « légalise des pesticides mortifères, organise la privatisation des ressources en eau, exonère de toutes les garanties écologiques ordinaires ». Et elle constitue « un traité de soumission » aux lobbies de l’agro-industrie.
Défendre nos paysans, ce n’est pas remettre en cause les garde-fous environnementaux en se pliant aux injonctions de lobbies de l’agro-industrie et de syndicats libéraux représentatifs d’une partie seulement de nos agriculteurs. Défendre nos paysans, c’est défendre leur outil de production : la terre et l’écosystème, pas les détruire. Défendre nos paysans, c’est leur donner les moyens, à travers notamment des prix et revenus garantis, de proposer à nos concitoyens une production de qualité.
Même d’un point de vue économique, la loi Duplomb-Menonville n’a de vision qu’à court terme. Quel en sera le coût sur la santé publique, à commencer par celle des agriculteurs et agricultrices, premières victimes de ces substances toxiques ? Les données scientifiques récentes sur le lien entre pesticides et cancer du pancréas – pathologie dont le pronostic reste particulièrement sombre – nous alertent sur les coûts sanitaires futurs considérables.
Quel en sera le coût lorsque nous serons face au mur climatique non anticipé et face à la destruction de la biodiversité ? Quelle image cet épisode honteux va-t-il laisser sur la production agricole française, alors que nos concitoyens sont de plus en plus soucieux de la qualité et de la sécurité de leur alimentation ?
La fracturation de l’Assemblée nationale sur ce texte témoigne des divisions profondes qu’il suscite. Portée par les sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (UDI) et adoubée par la FNSEA, cette loi prétend « libérer » l’agriculture française mais l’enferme en réalité dans un modèle productiviste dépassé et dangereux.
Face à l’urgence climatique, à la crise de la biodiversité et aux alertes sanitaires répétées, nous ne pouvons accepter cette régression. Les apiculteurs, qui dénoncent une « situation alarmante », les associations environnementales et une partie croissante du monde agricole appellent à une autre voie.
Les Radicaux de Gauche appellent nos dirigeants à revenir à une démarche de progrès pour le monde paysan et de protection de nos concitoyens. Il est encore temps de faire marche arrière sur ce texte mortifère et de construire une agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé publique.
